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10 juillet 2010 6 10 /07 /juillet /2010 16:38

10-07-10 - trajetAi-je parlé de météo favorable dans ma dernière note de blog? En pratique, le vent qui devait nous permettre d'aller vers le nord pendant environ deux jours pour ensuite être au travers par rapport aux vents de nord dominants le long de la côte portugaise nous a abandonnés au bout d'une demi-journée, nous laissant plantés à une latitude bien moindre que celle que nous espérions atteindre. Avec un vent invariablement nord-est nous n'avons ensuite pas eu d'autre choix que de faire le près le plus serré possible pour ne pas descendre trop au sud et essayer d'atteindre Lisbonne. Quant à aller à Porto, il a été vite évident qu'il nous aurait fallu tirer des bords pendant plus d'une semaine et nous y avons vite renoncé.

La traversée a malgré tout plutôt bien commencé. Sans être idéales, les conditions étaient suffisemment correctes pour nous permettre de passer un peu de temps dehors, et nous avons vu des dauphins, que nous avons identifiés comme des dauphins communs grâce à notre guide des açores et à leur côté bicolore (bleu et marron). 10-07-10 - encorevaillanteNous avons aussi vu à quelques mètres du bateau un aileron tout à fait différent de ceux des dauphins, tant par sa forme (triangulaire plutôt que recourbé) que par son comportement (mouvement lent et parallèle à la surface, loin des bonds des dauphins), et que nous avons identifiés comme un requin! Mais le plus impressionnant a été le gros cétacé (baleine ou cachalot) qui est apparu à 20 mètres de Coyotico, et dont on a vu la forme et le souffle pendant un petit moment, jusqu'à ce qu'il s'éloigne.

C'est ensuite que ça s'est gâté. La traversée, qui devait d'après notre guide être "fast and exhilarating", s'est avérée la plus désagréable de notre voyage. C'était le près dans toute sa splendeur et ses désagréments : le bateau est incliné à 30° et agité de soubresauts, voire de chocs violents quand il retombe à plat sur une vague, les déplacements sont lents, difficiles et occasionnent de nombreuses interjections plus ou moins polies et à peu près autant de bleus, des vagues recouvrent régulièrement le pont et le cockpit et rendent les sorties risquées (à moins de vouloir prendre une douche froide et salée), les tiroirs et placards s'ouvrent tout seuls en déversant leur contenu ou se referment d'eux-mêmes, si possible quand on a encore les doigts à l'intérieur, les objets volent hors de leur compartiments lors des coups de gîte particulièrement forts et échouent sur le plancher, rendant les déplacement dans le bateau encore plus périlleux... Sans oublier les inconvénients plus mineurs mais néanmoins fort gênants, comme l'extrême difficulté de cracher le dentifrice dans un petit lavabo sans repeindre tout le coin salle de bain.
10-07-10 - giteDans ces conditions inutile de dire que côté cuisine on était loin des petits plats habituellement mitonnés avec soin par Axel: même si on a évité le riz blanc tous les jours on a tout de même moins bien mangé que lors d'autres traversées. Certains jours particulièrement inconfortables ont été l'occasion de tenter des expériences franchement douteuses telles que maïs-saucisse en boîte (à déconseiller), la palme du degré zéro de préparation revenant au repas paté + biscottes, dans les cas vraiment dramatiques où il n'était même pas question de se pencher sur une casserole.

Axel a trouvé ça particulièrement pénible, quant à moi, misérablement cachée au fond de la couchette arrière, j'essayais de ne pas voir l'étonnante inclinaison de la mer par rapport au bateau, ni les grosses vagues qui s'abattaient sur le pont, ni le hauban sous le vent détendu par la tension des voiles, qui vibrait avec une amplitude tout à fait inhabituelle, et de ne pas entendre les écoutes grincer et le vent siffler dans le gréement. 10-07-10 - manoeuvreNe pouvant pas trop lire pour cause de mal de mer sournois, j'ai voulu hiberner pour passer le plus vite possible cet épisode déplaisant. Malheureusement le corps humain n'est pas fait pour dormir plus de 16 heures par jour, plusieurs jours de suite (j'ai essayé!); j'ai donc du renoncer à mon projet, ce qui était aussi bien car il fallait rester un petit peu opérationnelle pour surveiller qu'Axel ne tombe pas à l'eau pendant les manoeuvres.
Car contrairement à beaucoup de nos navigations où il suffisait de hisser les voiles au début et de les affaler à la fin, il a fallu pendant cette semaine adapter continuellement les voiles au vent, qui est devenu de plus en plus fort au fur et à mesure qu'on avançait vers l'est. D'abord les ris dans la grand voile, puis dans le génois, puis on a remplacé le génois lourd par le foc 1, et on a fini par faire plus de douze heures avec le foc 1 seul à l'avant, la grand voile étant complètement affalée pour soulager le gréement. C'est à cette occasion que j'ai enrichi mon vocabulaire de marin et j'ai appris qu'il ne faut pas dire "ah dis donc, ça souffle, hein" mais plutôt "sacrebleu, ça bastonne".

Ce n'est que les derniers jours de la traversée que le vent s'est un peu calmé; on a pu renvoyer un peu de toile et recommencer à passer du temps dans la position assise plutôt qu'allongée. L'arrivée à Lisbonne a tout de même été accueillie par l'équipage avec un soulagement au moins aussi grand que la vue de Horta après quatre semaines de mer...

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commentaires

A
<br /> <br /> Bravo à tous les deux pour cette rude navigation !<br /> <br /> <br /> Grosses bises<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Annie<br /> <br /> <br /> <br />
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