Le mot qui caractérise le mieux notre traversée depuis les îles du Salut jusqu'aux Grenadines est : interminable. La semaine prévue, qui nous paraissait pourtant une estimation plutôt pessimiste, s'est transformée en dix longs jours.
Tout s'est ligué contre nous:
- Pas de vent - les alizés qui étaient censés nous pousser sur une partie du trajet étaient probablement trop fatigués de leur longue traversée de l'Atlantique: on a eu si peu de vent qu'il a fallu sortir le génois léger puis le spi et même comme ça on n'a pas dépassé les 3 noeuds (sachant que la vitesse de croisière de Coyotico est autour de 5 noeuds, c'est assez lamentable).
- pas de poisson - on en a vu plein mais aucun n'a daigné goûter à nos leurres,
- un stock de livres réduit à peau de chagrin - il nous reste les mille pages de "Mythologie comparée" et quelques classiques-qu'il-faut-qu'on-lise-mais-qui-n'ont-pas-l'air-marrant-du-tout,
- et pas de batteries - sans vent et avec un petit panneau solaire, nous nous sommes retrouvés à nous laver les dents à la lueur de la lampe frontale et à devoir choisir entre le GPS et le feu de mat. Et inutile de dire que les ordinateurs sont restés éteints pendant tout le trajet (mais je suis fière d'annoncer que j'ai survécu sans séquelles à ce sevrage forcé).
... pour la première fois le désoeuvrement s'est invité à bord de Coyotico.
Le bon côté, c'est qu'après dix jours à dormir treize heures par nuit (forcément, sans batterie, quand il fait noir on est obligés de dormir) on est en pleine forme pour aborder les activités intenses qui nous attendent aux Antilles: baignade, bronzage, plongée... Les Grenadines, avec leur eau transparente, les plages de sable blanc, les récifs de corails et les cocotiers nous mettent dès maintenant dans l'ambiance "farniente tropical"...